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Qu'est-ce que c'est?

Pince toupie

Voici un habitué des événements qui réunissent les amateurs de mécanique. Son apparition est également récurrente dans une variété d’autres rassemblements où les outils sont à l’honneur. Dans ces assemblées, cet outil figure toujours en tête de liste des « outils mystères » et on arrive rarement à le définir adéquatement.

Depuis l’époque romaine, on trouve des traces écrites de l’emploi du plomb dans la fabrication de canalisations. Des feuilles de plomb étaient pliées pour créer des conduits ronds ou carrés par lesquels l’eau était acheminée ou évacuée. Encore aujourd’hui, on peut trouver certains de ces anciens tuyaux de plomb qui comportaient des joints martelés.

Main pressant les poignées d'une pince toupie pour en ouvrir les mâchoires coniques

Jusqu'au début du 20e siècle, les canalisations de distribution d'eau d'un bon nombre de municipalités nord-américaines étaient faites de plomb. Elles ont progressivement été remplacées par des tuyaux d'acier noir ou galvanisé. En 1975, des modifications ont été apportées au Code national du bâtiment du Canada afin d'interdire l'utilisation de tuyaux de plomb et la présence de plomb dans les brasures. Les municipalités et provinces canadiennes ont rapidement changé leurs propres Codes pour s'ajuster aux normes fédérales. En 1988, la loi américaine intitulée Safe Drinking Water Act limite à 8 % ou moins la teneur en plomb des canalisations et de leurs raccords. En outre, les brasures et flux de soudage doivent maintenant contenir moins de 0,2 % de plomb. Toujours aux États-Unis, en 1998, une nouvelle interdiction vise la teneur en plomb des appareils sanitaires. En effet, le plomb était également employé pour raccorder un appareil sanitaire à un tuyau en fonte ou en grès servant à l'évacuation des eaux usées. Comme les feuilles et les tuyaux de plomb sont très flexibles et malléables, ils étaient employés pour faire les siphons et les coudes sanitaires. Pour créer et façonner ces raccords selon la forme voulue, une variété de mandrins et d'autres outils particuliers étaient utilisés.

Originaire de Portland au Connecticut, John Anderson met au point, en 1895, une méthode pour joindre des tuyaux de plomb à l'aide d'un accessoire conique particulier qu'on introduit dans un conduit pour l'élargir. Les tuyaux étaient ensuite réunis par un joint mécanique. Cette méthode permettait de raccorder plusieurs tuyaux droits de longueur prédéterminée afin de créer un conduit plus long. Un brevet lui a été accordé le 5 mars 1895 (n° de brevet 535,236).

Pince toupie vue de dos

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Un an plus tard, M. Anderson obtient un autre brevet (n° 559,763) pour un « outil pour élargir l'extrémité des tuyaux en plomb ». Ce brevet concerne l'outil photographié au début du présent article. La description précise que cet outil est complémentaire à la méthode énoncée dans le brevet précédent. Il est particulièrement intéressant de souligner le procédé mécanique d’ouverture des mâchoires coniques, qui s'écartent de manière égale et contrôlée. Cette façon de faire garantit que la pièce évasée demeurera circulaire. De plus, il semble évident que cet outil servait également à évaser l'orifice d'une colonne montante afin de raccorder des tuyaux de diamètre différent. La pince toupie possède un avantage mécanique unique : ses mâchoires demeurent parallèles durant l'ouverture. Par conséquent, il suffit d'insérer la pince dans la pièce de plomb puis d’effectuer une rotation complète pour créer ou élargir une petite ouverture. Cette méthode fonctionne grâce à la grande malléabilité du plomb.

Stanley Tools serait le fabricant présumé de cet outil. Toutefois, sur certains exemplaires, seule la date du brevet est gravée sans qu'on puisse repérer clairement le nom du fabricant. Sur l'outil présenté dans cet article, la date du brevet et la marque « Wm Johnson Newark, N. J. », un important marchand de quincaillerie industrielle aux alentours de 1905 à 1910, sont bien visibles.

D. S. Orr