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Jolies pensées et coquettes violettes

Plusieurs pensées en fleur

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L'an dernier, au cœur de l'hiver, des fleurs printanières ont commencé à pousser dans mon cerveau de jardinière. Comme mon jardin était couvert de glace et de neige, je suis descendue au sous-sol, où j'ai disposé mes lampes de serre, puis décidé de semer des fleurs printanières parmi les plus magnifiques : les pensées.



En toute franchise, je n'avais pas l'intention de seulement contempler leurs jolis petits pétales. En fait, après avoir admiré les fleurs, j'avais l'intention de les manger. Même si j'aime cuisiner, je n'ai pas l'habitude d'apprêter des fleurs comestibles. Toutefois, de temps en temps, j'ai envie de déguster de jolies fleurs en salade ou encore, de m'en servir pour décorer un gâteau ou une tarte en été. Puisqu'on trouve difficilement dans le commerce des fleurs comestibles qui n'ont pas été aspergées de pesticides et que, si on en déniche, leur prix est souvent prohibitif, j'ai décidé de les cultiver moi-même.



Je prévoyais d'extirper les semis de pensées de leur milieu artificiel et les repiquer à l'extérieur au début du printemps (les températures fraîches de cette période stimulent davantage leur croissance) pour orner mes pots et mes bacs de leurs couleurs vives et gaies, dont des tons dorés, bleu saphir, violets et blanc crème. J'en couperais ensuite quelques-unes pour les manger. Même si un peu de givre les recouvrait, elles s'en sortiraient sans problème.



Au bout du compte, semer des graines de pensées en hiver, quand la lumière se fait rare, s'est avéré un excellent projet de jardinage qui m'a aussi donné l'occasion de me renseigner à propos de leurs cousines biologiques, les violettes.

Cultiver des pensées

Pensées violettes qui poussent dans un bac en bois

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La période de germination des pensées, plutôt longue, dure de une à trois semaines. Pour cette raison, un jardinier bien occupé sera peut-être tenté d'acheter une terrine de pensées en fleur une fois que la neige aura fondu. Par contre, cette option n'est pas nécessairement envisageable si on souhaite les manger, car les fleurs pourraient ne pas être comestibles en raison des techniques de culture employées.



La patience du jardinier qui décide plutôt de semer quelques sachets de graines s'en trouvera toutefois récompensée. Avec un peu de chance, après environ huit à dix semaines, il obtiendra des plants de pensées vigoureux dont les semis sont prêts pour le repiquage à l'extérieur. De plus, tout le monde ressent un peu de fierté en exposant des annuelles éclatantes après les avoir cultivées à partir de graines.



On favorise la germination des graines de pensées lorsqu'on les plante dans de la terre humide, bien drainée et riche en humus et qu'on les place dans un endroit frais et sombre jusqu'à ce qu'elles aient germé. Pour ne pas me compliquer la vie, j'ai opté pour un terreau commercial pour semis dont j'ai recouvert les graines, tout en m'assurant, tous les deux jours, qu'il était toujours humide.



L'étape suivante de mon projet hivernal consistait à exposer les jeunes pousses à une lumière artificielle pour reproduire leurs conditions de croissance à l'extérieur tout en maintenant les racines humides, sans les détremper. Ce type de culture n'a rien de compliqué, même pour un jardinier inexpérimenté.



Pour stimuler la croissance des plantes, j'ai utilisé de l'engrais biologique tout usage. Il vaut mieux éviter les produits trop riches en azote. La teneur en azote d'un engrais correspond au premier des trois chiffres imprimés sur l'étiquette. Utilisez d'abord de l'engrais 5-10-5. Autrement, les plantes présenteront de nombreuses feuilles vertes, mais peu de fleurs. Si vous n'employez pas d'engrais, vous risquez de vous retrouver avec des plantes en mauvaise santé aux feuilles jaunes.

Pensées bourgogne qui poussent  dans un bac

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Comme pour toute annuelle, il faut exposer graduellement les pensées prêtes à être repiquées aux conditions extérieures avant de procéder. Procédez par étapes, jusqu'à ce qu'elles s'acclimatent aux variations de température et de luminosité. Une fois qu'elles se trouvent à l'extérieur, continuez de les arroser en vous assurant que la terre n'est pas détrempée, retirez les fleurs fanées et utilisez de l'engrais au besoin. Dans un emplacement ensoleillé, les pensées demeurent vigoureuses jusqu'à la fin de l'été, période à laquelle elles présentent parfois des fleurs tombantes et de longues tiges minces en raison de la chaleur et de l'humidité. À ce moment-là, vous pouvez pincer les fleurs et déplacer les plantes à l'ombre dans un endroit frais.

Les pensées résistent plutôt bien aux maladies et aux insectes ravageurs. Il arrive toutefois qu'elles attirent les limaces, les pucerons et les mouches blanches. Parfois, elles sont affectées par l'oïdium et la pourriture des tiges, surtout si on les arrose trop. Cependant, ces plantes ont une constitution généralement robuste.

Violettes

Je trouve plutôt fascinant de constater que les centaines de cultivars de pensées offerts sur le marché aujourd'hui sont des plantes hybrides issues du croisement de petites fleurs sauvages d'Europe comme les violettes et les pensées sauvages. Créées au début des années 1800 dans le comté du Buckinghamshire, en Angleterre, elles sont le fruit des travaux de plusieurs jardiniers, dont William Thompson. Ce dernier a croisé plusieurs espèces de Viola, dont la Viola tricolor bleue et une variété russe au ton plus sombre. Après la création de ces hybrides, les pensées ont gagné en popularité. En 1850, on trouvait en Europe un grand nombre de nouvelles variétés et leur popularité a vite fait de gagner l'Amérique du Nord.



Pourvues de petites fleurs grosses comme des pièces de cinq cents, les violettes se reproduisent souvent par auto-ensemencement. Elles s'intègrent merveilleusement bien aux rocailles ou aux milieux boisés. La préparation de semis constitue également un projet hivernal facile à réaliser.

Violettes sauvages d'Amérique du Nord

Comme les pensées et les violettes, les violettes sauvages d'Amérique du Nord fleurissent au printemps, à l'instar de l'asaret du Canada (gingembre sauvage), des renoncules, des cypripèdes et des trilles. Bien des jardiniers les déracinent, car elles peuvent se répandre rapidement sur les pelouses.



Toutefois, quelques variétés de violettes sauvages n'envahiront pas la vôtre. Parmi celles-ci, on retrouve la violette décombante (Viola conspersa), qui préfère les sols boisés, et la violette pubescente (Viola pubescens), qui se plaît dans les endroits légèrement ombragés où la terre est bien drainée. La petite violette à éperon crochu (Viola adunca) s'accommode mieux de sols secs et sablonneux. Elle convient bien à la rocaille. Certaines de ces espèces sont difficiles à trouver dans les pépinières, mais vous pourrez sûrement en acheter auprès de producteurs de plantes indigènes.

Bac contenant des pensées jaunes à l'avant-plan et des pensées violettes à l'arrière-plan

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Bien que mon jardin de banlieusarde puisse accueillir des cultivars exotiques, j'aime y planter des fleurs sauvages d'Amérique du Nord comme les violettes, car elles attirent les abeilles et les papillons. Les violettes indigènes constituent bien plus qu'une source de nectar. En effet, elles sont les plantes hôtes des argynnes. Les gens confondent parfois ce papillon, dont les ailes présentent un motif à damier orange et noir, avec les monarques en raison de leurs ressemblances.



Sans les violettes, les argynnes n'existeraient pas. La violette d'Amérique du Nord joue donc un rôle particulier pour les passionnés de la nature. Les œufs des argynnes éclosent à l'automne, puis les chenilles hibernent. Elles sortent de leur torpeur au printemps, quand les violettes reprennent leur croissance.


Salade jardinière décorée  d'une pensée comestible violette

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Chaque fois que je mange des pensées fraîches, en salade, ou confites dans un dessert, je suis frappée par le goût prononcé de ces petites fleurs, qui me rappelle la menthe, et par leur beauté.

Ce n'est qu'une impression, mais peut-être que les argynnes pensent la même chose en grignotant les violettes sauvages avant de se transformer en jolis papillons et de prendre leur envol. Qui sait?

Texte et photos : Julianne Labreche



Julianne Labreche est une rédactrice indépendante passionnée de jardinage et bénévole pour le groupe Master Gardeners of Ottawa-Carleton.