Accessibility Statement

Créer un jardin de papillons communautaire

Enfants tenant des transplantoirs assis sur un muret derrière des caissettes de fleurs déposées sur le sol

Cette image n’a pas été chargée. Pour imprimer les images, fermez l’aperçu avant impression et faites défiler l’article jusqu’à la fin. Quand toutes les images sont chargées, relancez l’impression.


Au dernier moment, c'est l'image du papillon qui a attiré mon attention. Il s'en est fallu de peu pour que je ne remarque pas l'affiche défraîchie collée sur la boîte postale communautaire. On y indiquait qu'un jardin de papillons communautaire serait créé le printemps suivant dans notre parc municipal, à Ottawa (zone de rusticité canadienne 5A; zone américaine 4).


L'affiche invitait le voisinage à en apprendre plus sur ce projet lors d'une rencontre prévue la semaine suivante. Trois animateurs du Monarch Teacher Network (réseau d'enseignement sur le monarque) seraient présents. Ces enseignants qui ont élevé des monarques dans leurs classes et créé plusieurs jardins de papillons se consacrent maintenant à conseiller des groupes communautaires sur la création de jardins pour les papillons. Ayant déjà enregistré mon propre jardin urbain au programme Monarch Watch, je n'ai pas hésité une seconde à m'inscrire à la rencontre.


Heureusement, je n'avais pas conscience du travail à venir : demande de permis, recherche de subventions, rédaction de contrats, échéanciers, etc. Mais si un petit papillon peut voler d'ici jusqu'au Mexique, alors quelques bénévoles peuvent sûrement parvenir à aménager un jardin pour l'aider, lui et ses congénères, n'est-ce pas?


Il faut également considérer les autres avantages d'un tel aménagement. Le nouveau jardin servira d'habitat non seulement aux monarques et aux autres papillons, mais aussi aux abeilles, aux colibris et aux autres pollinisateurs.


Monarque posé sur les fleurs d'une asclépiade

Cette image n’a pas été chargée. Pour imprimer les images, fermez l’aperçu avant impression et faites défiler l’article jusqu’à la fin. Quand toutes les images sont chargées, relancez l’impression.

Planification automnale


Malgré tous les efforts de l'organisatrice, une jeune maman nommée Margaret Sambol, la participation à la rencontre automnale de planification du jardin de papillons s'est révélée décevante. Elle avait même préparé des biscuits au sucre en forme de papillon à l'intention des participants. Mais ceux et celles qui étaient présents se sont montrés très intéressés aux conseils prodigués par les trois enseignants retraités vêtus de leur T-shirt à l'effigie du monarque.


D'abord, il faut compter sur un site chaud et ensoleillé. Les papillons ont besoin de soleil pour voler. Ils aiment notamment se prélasser sur des pierres réchauffées par le soleil. Ils ont également besoin d'une variété de plantes mellifères composée d'espèces indigènes et exotiques.


Fleurs orange d'asclépiade tubéreuse

Cette image n’a pas été chargée. Pour imprimer les images, fermez l’aperçu avant impression et faites défiler l’article jusqu’à la fin. Quand toutes les images sont chargées, relancez l’impression.

Ces plantes doivent de plus répondre aux besoins de leurs chenilles. C'est ce qu'on appelle une plante hôte. Les chenilles de papillons raffolent des feuilles. L'asclépiade est le choix de prédilection des monarques. La chenille du papillon du céleri se nourrit quant à elle de plantes de la famille des carottes, dont le céleri, l'aneth, le persil, le fenouil, la carotte et la carotte sauvage. La chenille du papillon vulcain consomme pour sa part de l'ortie. Étant donné que le nombre d'espèces de papillons au nord du Mexique s'élève à environ 800, la liste des plantes hôtes pourrait être longue.

Les papillons apprécient également les flaques d'eau boueuse où ils trouvent certains nutriments dont ils ont besoin, notamment les sels minéraux. Un autre point à ne pas négliger est la couleur des plantes. Ces insectes sont notamment attirés par le jaune, l'orange, le rose et le rouge. Comme nous l'avons appris ce soir-là, il y a une foule de choses à savoir à propos des papillons.

Marguerite Shasta blanche au centre jaune

Cette image n’a pas été chargée. Pour imprimer les images, fermez l’aperçu avant impression et faites défiler l’article jusqu’à la fin. Quand toutes les images sont chargées, relancez l’impression.

Plus tard, réunis autour d'un thé chez Margaret avec un jeune entomologiste (un spécialiste de l'étude des insectes) qui habite le voisinage, nous examinions les possibilités d'aménagement et la longue liste des plantes tout en nous demandant comment intégrer le tout à un parc où se côtoient joueurs de soccer, cyclistes, joueurs de tennis, promeneurs de chien, enfants et, à l'occasion, quelques ados turbulents et des chiens en liberté. On le constate, la création d'un jardin de papillons communautaire présente quelques défis.

Surprises hivernales

« As-tu vu le site du jardin de papillons? » Margaret, venue prendre un café à la maison, m'a posé cette question quelques mois plus tard, alors que la neige avait commencé à fondre. Le site du futur jardin de papillons était complètement inondé par le ruissellement printanier. Cette situation est peut-être parfaite pour des plantes de milieu humide, mais elle ne convient certainement pas à un jardin de papillons.

Une amie qui promène son chien dans le parc depuis des années m'a appris que le site est inondé tous les printemps. Les vivaces n'y survivraient pas. Il ne restait que quelques mois avant la date prévue pour la corvée de plantation.

Échinacée pourpre

Cette image n’a pas été chargée. Pour imprimer les images, fermez l’aperçu avant impression et faites défiler l’article jusqu’à la fin. Quand toutes les images sont chargées, relancez l’impression.

Une demande désespérée de changement de site (suivie d'une flopée de coups de téléphone et de courriels) a été adressée à la municipalité. Margaret s'était déjà chargée des plus lourdes tâches : demande de permis et de subvention, et distribution à pied d'une lettre aux résidents voisins du parc pour s'assurer de leur adhésion à la présence du jardin de papillons dans cet espace public. Changer de site et s'assurer de pouvoir installer une citerne pluviale pour arroser le jardin allait demander une nouvelle ronde de négociation avec la municipalité.

Finalement, nous avons pris la difficile décision de laisser le jardin de papillon sur le site initial et de l'aménager en plate-bande surélevée. Un paysagiste du voisinage a offert son expertise et fourni son équipement sans frais. J'ai alors réalisé l'importance de l'entraide qu'a suscitée ce projet. La coopération, voilà bien une des réussites de notre jardin de papillons.

Jardin de papillons surélevé

Cette image n’a pas été chargée. Pour imprimer les images, fermez l’aperçu avant impression et faites défiler l’article jusqu’à la fin. Quand toutes les images sont chargées, relancez l’impression.

Succès printaniers

Toute échéance amène sa dose de stress. La municipalité n'avait pas encore délivré le permis dont nous avions besoin. Deux jours avant les plantations, la plate-bande surélevée n'était pas encore commencée alors qu'un appel aux bénévoles avait déjà été lancé par l'entremise de l'association communautaire. Il était pour ainsi dire minuit moins une quand une bonne nouvelle nous est parvenue. Un responsable compréhensif de la municipalité avait délivré une autorisation d'accès au parc en attendant l'émission du permis d'occupation. Maintenant que tous les papiers étaient en règle, l'entreprise de paysagement s'est rapidement mise à la tâche. Le vendredi soir, moins de 48 heures avant la corvée de plantation prévue le dimanche matin, la plate-bande surélevée était terminée. Nous débordions d'allégresse!

Le dimanche matin, le temps était parfait : un peu frais et légèrement pluvieux. Des participants de toutes les générations, des grands-parents aux petits-enfants qui jardinaient pour la première fois, se sont rassemblés pour planter les vivaces. Nous discutions des papillons et de leurs fleurs préférées pendant que nous plantions les plantes hôtes que nous avions choisies : des asclépiades tubéreuses (Asclepias tuberosa) et des asclépiades incarnates (Asclépiade Incarnate).

Fleurs fuchsia d'une liatride

Cette image n’a pas été chargée. Pour imprimer les images, fermez l’aperçu avant impression et faites défiler l’article jusqu’à la fin. Quand toutes les images sont chargées, relancez l’impression.

Nous avons ajouté d'autres variétés de plantes indigènes : des monardes (Monarda), des rudbeckies (Rudbeckia hirta), des achillées millefeuilles (Achillea millefolium), des eupatoires pourpres (Eutrochium purpureum), des asters de Nouvelle-Angleterre (Symphyotrichum novae-angliae), des échinacées (Echinacea) pourpres et jaunes, des liatrides (Liatris) et quelques autres espèces de manière à avoir des fleurs, pour les papillons et les autres pollinisateurs, du début du printemps jusque tard en automne.

De plus, même si nous savions qu'il pourrait ne pas survivre à l'hiver, nous avons pris le risque de planter un arbre aux papillons (Buddleia), car les papillons en raffolent. Cette journée de jardinage a été parfaite. Nous avons ri, mangé des beignes et rencontré de nouveaux amis. Après avoir arrosé abondamment les plantes, nous avons installé des affiches autour du jardin dans l'espoir de prévenir les dommages causés par les fauteurs de troubles.

Quelques semaines plus tard, des enfants de la maternelle de l'école d'à côté sont venus planter des annuelles qui attireraient les papillons le temps que les vivaces s'établissent. Il n'y a pas de meilleure façon de les initier au rôle important que jouent les pollinisateurs.

Floraison du jardin de papillons

Cette image n’a pas été chargée. Pour imprimer les images, fermez l’aperçu avant impression et faites défiler l’article jusqu’à la fin. Quand toutes les images sont chargées, relancez l’impression.

Floraison estivale

Grâce, encore une fois, à Margaret, nous avons pu compter sur un formulaire d'inscription électronique afin d'établir l'horaire hebdomadaire d'arrosage et de désherbage du jardin. Nous avions décidé de le cultiver ensemble, de façon communautaire.

Nous avons installé des affichettes avec photo et nom pour identifier les plantes. Nous n'escomptions pas une foule de papillons la première année, mais qui sait? Les fleurs étaient magnifiques, même le premier été.

Nous verrons bien comment notre jardin communautaire se développe, en souhaitant d'abord qu'il survive aux rigueurs de l'hiver ottavien dans cette plate-bande surélevée. Pour l'y aider, nous le couvrirons d'une épaisse couche de paillis et de feuilles déchiquetées.


Cela dit, une chose est sûre : si vous créez un tel jardin, vous y verrez des papillons. Et sans doute y verrez-vous également se développer de belles amitiés, au même rythme que les plantes qui y poussent.

Texte et photos : Julianne Labreche

Julianne Labreche est une rédactrice indépendante passionnée d'horticulture et bénévole pour le groupe Master Gardeners d'Ottawa-Carleton.