Sur le plan pratique, ils représentent une solution de rechange intéressante pour couvrir les pentes raides où il pourrait être risqué de passer la tondeuse. De plus, ils retardent l'érosion du sol, éliminent les mauvaises herbes et gardent le sol frais et ombragé. Lorsqu'ils sont plantés à la base des arbres ou parallèles à des racines présentes à la surface, ils les protègent contre les dommages causés par les taille-bordures et les tondeuses. Ils peuvent même éloigner les animaux. J'ai vu de l'oponce de l'Est (Opuntia humifusa) être utilisé comme couvre-sol autour d'un bâtiment pour repousser les chats et les chiens. Les couvre-sols peuvent aussi servir de protection pour empêcher les champignons terricoles d'atteindre le feuillage d'autres plantes, comme les roses. Il existe des couvre-sols qui conviennent aux zones ensoleillées et aux zones ombragées, aux sols humides et aux sols secs, aux sols acides à neutres et même aux endroits venteux. En résumé, on peut dire qu'ils jouent le rôle de « paillis vivant » qui vous font économiser temps, effort et argent.

Quant à leur caractère esthétique, les couvre-sols servent de lien entre les différentes zones du jardin. Ils réunissent également différentes plantes – arbustes, arbres et vivaces – sous forme de compositions assorties. Visitez un jardin japonais pour voir comment la mousse forme un tapis ininterrompu entre les azalées, les fougères et les pins. Les couvre-sols créent des lignes et des formes qui guident notre regard à travers le jardin. Cela est accentué par l'utilisation de couvre-sols à la texture fine comme plantes d'arrière-plan. Une autre de leurs fonctions d'aménagement est d'agir comme bordures vivantes qui délimitent les différentes zones du jardin et leur donnent un aspect soigné. Les couvre-sols, comme les orpins, le phlox mousse (Phlox subulata), le thym et diverses arabettes (Arabis spp.), remplissent les fissures et les crevasses dans les affleurements rocheux et les rocailles. De plus, les couvre-sols font d'excellents repoussoirs et écrans qui masquent la présence de souches, adoucissent les socles des statues de jardin et cachent le feuillage fané des bulbes étiolés.

Le phlox mousse remplit bien les affleurements rocheux et les rocailles.

Comme les couvre-sols offrent une grande variété de formes, de feuillages et de fleurs, ils font d'excellents partenaires dans les combinaisons de plantes. Dans mon jardin d'ombre, je compte beaucoup sur les fleurs blanches de la tiarelle cordifoliée (Tiarella cordifolia), associée à l'uvulaire perfoliée (Uvularia perfoliata) et au waldsteinie faux-fraisier (Waldsteinia fragarioides). Les tiarelles ont un attrait particulier lorsqu'elles sont plantées sous la corète du Japon (Kerria japonica), dont les fleurs sont jaunes et qui tolère l'ombre, ou avec le phlox divariqué (Phlox divaricata). Les feuilles des couvre-sols comme le lamier et la bugle apportent des touches de lumière dans le jardin d'ombre. Pour des textures et des formes attrayantes, essayez d'associer la bergénie avec l'heuchère, ainsi que les fougères et les hostas avec du lierre. Sur les pentes chaudes et sèches, j'aime l'un des nombreux fraisiers (Fragaria spp.) qui se propagent bien, planté avec du thym et de la bugle, ou avec du thym et de l'épimède (Epimedium spp.).

Les fleurs parfumées de l’Epimedium, aussi appelé fleur des elfes

Ma définition large et souple des couvre-sols comprend différents arbustes, vignes et graminées ornementales. J'inclus également des plantes plus grandes qui se propagent et se fondent les unes aux autres, comme le podophylle pelté (Podophyllum peltatum), le sceau-de-Salomon (Polygonatum spp.) et diverses fougères. Les genévriers bas et compacts comme le genévrier rampant (Juniperus horizontalis), en particulier les cultivars ‘Plumosa Compacta’, ‘Prince of Wales’ et ‘Wiltonii’, sont de bons candidats pour les endroits secs et ensoleillés. Les arbustes au port retombant, comme le forsythia pleureur (Forsythia suspensa), le cotonéaster horizontal et le cotonéaster apiculata, ainsi que diverses espèces de fusain, sont idéaux pour recouvrir le bord d'un muret ou d'un talus de pierres.

Les graminées ornementales comme la spectaculaire herbe rouge japonaise (Imperata cylindrica ‘Red Baron’) et la fétuque bleue (Festuca spp.) en forme de coussin font d'excellents couvre-sols au bord d'une allée ou d'une plate-bande. Voici deux couvre-sols qui font des bordures particulièrement belles pour les plates-bandes d'éboulis de mon jardin à Toronto en Ontario : l'ophiopogon noir, avec ses feuilles couleur ébène, et la benoîte à trois fleurs (Geum triflorum), avec ses poils roses en forme de plumes. Le gazon est également un couvre-sol utile que l'on apprécie pour l'apparence soignée qu'il procure. Il offre une aire de jeux pour les enfants et constitue une scène qui compense les plans verticaux de la maison.

La ravissante bergénie ajoute des couleurs éclatantes au jardin.

De nombreuses plantes grimpantes, qui ne sont pas soutenues, se répandent sur le sol comme une couverture. Je pense à la vigne vierge à cinq folioles (Parthenocissus quinquefolia), à l'akébie à cinq feuilles (Akebia quinata), au jasmin de Virginie (Campsis radicans) et à l'hortensia grimpant (Hydrangea anomala subsp. petiolaris). L'une de mes préférées, le jasmin d'hiver (Jasminum nudiflorum), fleurit dans mon jardin en janvier et début février, et garde même quelques fleurs pour avril. Cette plante s'enracine là où les nœuds sur la face inférieure des feuilles touchent le sol, produisant ainsi des descendants peu coûteux. Il faut cependant savoir que certaines de ces plantes grimpantes – le jasmin de Virginie par exemple – peuvent devenir gênantes et pousser à partir des racines là où vous vous y attendez le moins.

Les inquiétudes concernant des couvre-sols dont on perd le contrôle et qui s'emparent du jardin sont tout à fait justifiées. L'égopode podagraire (Ægopodium podagraria), le muguet (Convallaria majalis), la fougère-aigle (Pteridium aquilinum), la plante caméléon (Houttuynia cordata), l'orpin âcre (Sedum acre), la potentille ansérine (Potentilla anserina), l'alpiste roseau (Phalaris arundinacea) et l'élyme glauque (Elymus glaucus) se propagent facilement, étouffant les autres plantes sur leur passage. Il existe cependant des endroits où vous pouvez profiter de ces plantes qui se propagent rapidement, comme une zone en bordure d'une tranchée de route, un lieu avec des sols fortement compactés ou un espace sous le couvert des épinettes. Attention cependant : ces plantes peuvent être difficiles à enlever là où elles sont indésirables. En effet, des bouts de racines et des graines non retirés se reproduisent facilement. Aux chalets notamment, les couvre-sols comme le pachysandre du Japon (Pachysandra terminalis), la pervenche et différents lierres peuvent rapidement se répandre en terrains boisés, au détriment de la flore indigène.

La benoîte à trois fleurs est un excellent couvre-sol en bordure d'une allée ou d'une plate-bande.

Avant d'acheter des couvre-sols, servez-vous de votre plan d'aménagement paysager à l'échelle et de vos tableaux d'espacement des plantes pour calculer le nombre de plantes nécessaire. Un espacement plus rapproché requiert un achat plus important de plantes. Mais celles-ci convergeront plus rapidement et éloigneront les mauvaises herbes plus facilement. Vous pouvez compenser le coût élevé en achetant des boutures racinées en grande quantité, plutôt que des plantes individuelles en pot. Lors de la plantation des couvre-sols, en particulier de ceux qui tolèrent l'ombre, un sol assez fertile enrichi de compost accélérera le processus d'établissement. L'entretien annuel est faible et varie selon les plantes choisies. Certaines plantes, comme le pachysandre du Japon, la pervenche, les lierres, l'acanthopanax de Siebold (Acanthopanax sieboldianus) et le cotonéaster, risquent de ramper au point d'étouffer les plantes avoisinantes. Élaguez les plantes fautives à l'aide de cisailles à haies pour les maintenir dans la zone délimitée.

Les plantes rampantes peuvent être victimes de la pourriture du collet, de diverses maladies et de dommages causés par les limaces et les escargots. Déposez du paillis de gravillon dans les endroits ensoleillés et du paillis d'écorce dans les endroits ombragés afin que les collets restent secs. En hiver, le paillis protège également les plantes contre les fluctuations de température qui peuvent provoquer le soulèvement des racines. Contrôlez les limaces et les escargots à l'aide d'une variété d'appâts, de pièges, de bandes de cuivres, etc. Du paillis de feuilles mortes pourrait être appliqué à la fin de l'automne pour protéger davantage les couvre-sols à feuillage persistant comme le pachysandre du Japon, l'épimède, le quatre-temps (Cornus canadensis), le pain de perdrix (Mitchella repens) et le lierre. Retirez cette couverture protectrice graduellement lorsqu'il commence à faire plus chaud au printemps. Les plantes plus âgées devraient être divisées si leur centre a souffert de dépérissement et si les pousses naissantes sont dirigées uniquement vers leur pourtour.

Méfiez-vous des couvre-sols envahissants comme la plante caméléon présentée ici.

Pour conclure, vous ne pouvez pas vous tromper si vous vous en tenez à cultiver des couvre-sols, le ciment du jardin.

Phlox divaricata entouré d’hostas

Texte : Frank Kershaw

Photos : Marnie Wright

Horticulteur primé, Frank Kershaw compte plus de 40 ans d’expérience.

Marnie Wright, qui jardine depuis toujours, écrit abondamment sur le sujet et se passionne pour la photographie de jardins. Elle a aménagé elle-même son jardin, le Rocksborough Garden, situé à Bracebridge, en Ontario, qu’elle continue d’entretenir depuis plus de 30 ans.