L'ABC des mauvaises herbes
Les mauvaises herbes soulèvent un dilemme pour les jardiniers, les paysagistes et les fermiers. En effet, celles-ci peuvent être à la fois considérées comme des alliées ou comme des ennemies.
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Certaines peuvent propager des maladies, causer des empoisonnements ou encore des réactions allergiques chez les humains et les animaux. Elles peuvent aussi devenir invasives si l’on ne leur porte pas attention. D'un autre côté, elles peuvent présenter des avantages dignes d'intérêt. Par exemple, la carotte sauvage tend à attirer les guêpes, prédatrices des pucerons. Les mauvaises herbes fournissent de la matière organique au sol, préviennent l'érosion des aires dénudées et constituent même des sources d'aliments et d'herbes médicinales. On peut également leur prêter un rôle de baromètre de l'état du sol où elles élisent domicile.
Dire d'une plante qu'elle est une mauvaise herbe a quelque chose de subjectif. Vous apprécierez peut-être voir des juliennes des dames pousser le long de votre clôture, mais ce ne sera pas nécessairement le cas de votre voisin. Pour simplifier les choses, disons qu'une mauvaise herbe est une plante qui apparaît là où elle ne devrait pas et qui nuit à la croissance des légumes ou des fleurs que vous souhaitez cultiver à cet endroit. Dans cette optique, voyons quelles sont les façons de les juguler de manière à ce qu'elles n'accaparent pas tous les nutriments, la lumière, l'air ou l'espace normalement destinés à la croissance des plantes souhaitées.
Liondent d'automne ou Léontodon
Illustration tirée de l'ouvrage Farm Weeds of Canada, collection Classic Reprint.
Pour trouver la bonne solution à un problème de mauvaises herbes, il faut d'abord savoir à quoi on a affaire. Il y eut une époque où, dans notre passé rural, nos aïeux connaissaient les mauvaises herbes par leur nom, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. De nos jours, un bon guide illustré est un outil essentiel dans notre arsenal contre ces dernières. À partir du moment où vous connaissez le nom de votre adversaire, vous pouvez plus facilement trouver l'information pour la contrer.
Les mauvaises herbes annuelles, qui meurent après une seule saison, dépendent de leur semence pour se reproduire. Une offensive préalable à la maturation des graines s'avérera efficace pour les éliminer. La bourse-à-pasteur, le tabouret des champs et l'herbe à poux sont toutes des annuelles.
Bourse-à-pasteur
Illustration tirée de l'ouvrage Farm Weeds of Canada, collection Classic Reprint.
Les mauvaises herbes bisannuelles étirent leur cycle de croissance sur une période de deux ans. La grenaison a lieu lors de la deuxième année. La laitue scariole et l'onagre (herbe aux ânes) sont deux représentantes de cette catégorie.
Onagre blanche
Illustration tirée de l'ouvrage Farm Weeds of Canada, collection Classic Reprint.
Les mauvaises herbes vivaces (qui persistent au moins pendant trois ans) se propagent par l'intermédiaire de leurs racines, de leurs rhizomes ou de leurs semences. Quelques exemples de vivaces : le chiendent, le pissenlit et l'herbe à la puce. Sans surprise, les vivaces pourront être particulièrement tenaces.
Chiendent
Illustration tirée de l'ouvrage Farm Weeds of Canada, collection Classic Reprint.
À l'instar de n'importe quelle autre plante, les mauvaises herbes proliféreront si les conditions de croissance leur conviennent. Conséquemment, la présence d'une mauvaise herbe donnée vous indique l'état du sol où elle croît. Cette information vous permet non seulement de déterminer ce qu'il faut faire pour éliminer les herbes indésirables, mais aussi quel type de plante conviendra pour cet espace. Le tableau ci-dessous est un bon point de départ pour récolter ces précieux renseignements.
Mauvaise herbe commune |
Nom latin (genre) |
Catégorie* |
Type de sol |
Bident |
Bidens |
A |
sol humide ou détrempé |
Liseron |
Convolvulus |
V |
tous types de sol |
Buglosse |
Lycopsis |
A |
sol sec et sableux |
Bardane |
Arctium |
B |
sol fertile et riche en matière organique, bien drainé |
Renoncule |
Ranunculus |
V |
sol humide et peu drainé, riche et à texture grossière |
Silène |
Silene |
A, V |
sol bien drainé, texture moyenne à grossière |
Chicorée sauvage |
Cichorium intybus |
V |
sol fertile avec bonne quantité de matière organique, bien drainé, légèrement alcalin, présence de calcaire |
Potentille |
Potentilla |
A, B |
sol à texture grossière, bien drainé |
Lampourde |
Xanthium |
A |
limon argileux, sol détrempé |
Digitaire |
Digitaria |
A |
sol sec et mince, sableux ou rocailleux, faible en humus et peu fertile |
Julienne des dames |
Hesperis matronalis |
V |
sol détrempé |
Pissenlit |
Taraxacum |
V |
tous types de sol |
Apocyn |
Apocynum |
V |
sol sec et peu profond |
Onagre |
Oenothera |
B, V |
sol sableux ou caillouteux, bien drainé |
Vergerette |
Erigeron |
A |
tous types de sol |
Sétaire |
Setaria |
A |
tous types de sol |
Lierre terrestre |
Nepeta hederacea |
V |
sol riche mais peu drainé |
Chénopode blanc |
Chenopodium album |
A |
sol fertile et riche en matière organique, bien drainé |
Mauve |
Malva |
A, B, V |
sol fertile et modérément humide |
Asclépiade |
Asclepias |
V |
sol fertile et sec |
Orpin âcre |
Sedum acre |
V |
sol peu profond et sableux, à texture grossière, peu fertile |
Molène |
Verbascum |
B |
sol sec, caillouteux ou sableux |
Morelle |
Solanum |
A, V |
sol principalement sec |
Plantain |
Plantago |
V |
sol argileux lourd, mince et compact, acide, peu drainé et peu fertilisé |
Herbe à la puce |
Rhus radicans |
V |
sol sableux |
Pourpier |
Portulaca |
A |
sol fertile et riche en matière organique, bien drainé |
Chiendent |
Agropyrum repens |
V |
sol caillouteux ou sableux |
Carotte sauvage |
Daucus carota |
B, V |
sol acide et pauvre |
Herbe à poux |
Ambrosia |
A |
sol sec |
Petite oseille |
Rumex acetosella |
V |
sol sec, acide et mince, sableux ou caillouteux, faible en humus et peu fertile |
Bourse-à-pasteur |
Capsella bursa pastoris |
A |
sol alcalin |
Ortie |
Urtica |
V |
sol humide et fertile |
Tabouret des champs |
Thlaspi arvense |
A |
tous types de sol |
Chardon |
Cirsium |
B, V |
sol argileux lourd, mince et compacté, rocailleux, alcalin, faible en humus et peu fertile |
Vesce |
Vicia |
A, V |
tous types de sol |
Silène blanc |
Lychnis alba |
B |
sol riche et bien irrigué |
Laitue scariole |
Lactuca scariola |
A, B |
sol humide |
Moutarde des champs |
Sinapsis arvensis |
A |
sol alcalin |
Folle avoine |
Avena fatua |
A |
sol fertile |
Achillée |
Achillea |
V |
sol mince et rocailleux, faible en humus et peu fertile |
* A = Annuelle, B = Bisannuelle, V = Vivace |
Sachant qu'il est déconseillé – sinon à peu près impossible – d'éradiquer complètement les mauvaises herbes, une approche plus sensée consiste à établir individuellement son seuil de tolérance. Quelles sont celles qui vous dérangent le plus? Préférez-vous une pelouse dénuée de pissenlits ou un jardin paysager où l'on ne voit aucune achillée? Serez-vous capable de laisser un coin de jardin libre pour laisser éclore les onagres? Vous seul êtes en mesure de répondre à ces questions.
Au risque d'en décevoir certains, le laisser-aller n'est pas une option. Les règlements municipaux (ou les ordonnances d'autres organismes responsables de la gestion des mauvaises herbes) stipulent qu'il faut éliminer les plantes qui sont considérées comme nocives. C'est le cas lorsqu'elles posent un risque de santé publique ou d'incendie, nuisent aux récoltes, attirent les organismes nuisibles ou encore propagent des maladies dans les cultures. L'herbe à poux, l’herbe à la puce et la lysimaque sont trois exemples de mauvaises herbes à risque, mais la liste d'indésirables établie par votre municipalité peut différer. Renseignez-vous auprès des autorités compétentes pour connaître l'identité des plantæ non gratæ.
Voyez la chose d'un autre œil : le fait d'exercer une vigilance constante par rapport aux mauvaises herbes vous permet de toujours savoir comment se porte votre jardin. Une inspection régulière fait en sorte de pouvoir détecter les problèmes – organismes nuisibles ou maladies – avant qu'ils ne surviennent et d'administrer le traitement adéquat avant que les choses ne se gâtent.
La présence de mauvaises herbes sur une pelouse est un bon indice de la pauvreté du sol ou, au contraire, d'une fertilisation excessive. Un surplus d'engrais causera des dommages au terreau, affaiblissant ainsi le gazon qui, à son tour, deviendra vulnérable face aux mauvaises herbes. Un programme d'entretien rigoureux, comprenant l'enlèvement du chaume, l'aération, l'amendement de surface avec de l'engrais à libération lente, le réensemencement et la tonte périodique (à une hauteur adéquate), préviendra la prolifération des mauvaises herbes.
Si vous faites affaire avec un service d'entretien commercial, demandez à ce qu'on utilise des produits sans herbicide. À long terme, les traitements chimiques à répétition ont des effets néfastes sur les organismes vivants. Non seulement la surutilisation d'herbicides rend le sol stérile et tue d'autres organismes bénéfiques, mais leur présence en grande quantité peut également causer des allergies ainsi que d'autres problèmes d'ordre physiologique.
La solarisation et la prégermination sont deux approches souvent ignorées dans la lutte contre les mauvaises herbes.
La solarisation consiste à recouvrir une zone d'une toile en plastique translucide pendant plusieurs semaines, créant ainsi une cloche de chaleur qui chauffera le sol et cuira à mort les mauvaises herbes et leurs semences. Cette méthode indubitablement efficace peut, par contre, prendre une ou deux saisons avant de produire les résultats escomptés. Si ce délai n'est pas envisageable, ou si la zone à traiter ne reçoit que peu d'ensoleillement, la prégermination peut s'avérer une option plus intéressante.
Pour faire prégermer les mauvaises herbes, on commencera par préparer le terrain – avant les plantations – en ôtant le plus de mauvaises herbes déjà présentes, incluant les racines et les pousses. On amendera le sol avec de la matière organique (par exemple avec du compost), suivi d'un ratissage et d'un arrosage. (Remarque : si vous utilisez du fumier, assurez-vous qu'il soit stérilisé de façon à ce qu'il ne contienne plus de semences fertiles.)
Gardez le sol humide jusqu'à ce que les pousses de mauvaises herbes atteignent une hauteur de 2 po. Comme précédemment, éliminez scrupuleusement les mauvaises herbes jusqu'aux racines, puis prenez une binette pour trancher les résidus tout juste sous la surface du sol. Les efforts consentis en début de saison seront récompensés par un déclin du nombre de mauvaises herbes.
Pour les plates-bandes, une bonne façon de prévenir la germination des mauvaises herbes est d'étendre du paillis ou du tissu d'aménagement. Le manque de lumière au sol provoquera la mort de la plupart des mauvaises herbes, et celles qui déjoueront l'obstacle seront faciles à arracher.
Le paillage se fera au début du printemps, après avoir travaillé le terreau et épandu le compost. On ajoutera également du paillis dans les allées et aux autres endroits qui seront cultivés ultérieurement. Par contre, pour prévenir que des maladies fongiques – comme la pourriture des racines et la fonte des semis – s'en prennent aux (bons) semis, on évitera de les entourer de paillis naturel tant qu'ils n'ont pas quelques pouces de hauteur. Ajustez la couverture de paillis au fil de la saison, puis retirez-le à l'automne pour que les petits rongeurs ne viennent pas s'y cacher et endommagent vos végétaux.
La culture de plantes de couverture ou d'un tapis végétal, comme le trèfle et la petite pervenche, est une autre manière de juguler les mauvaises herbes. Ce type de plante croît si vite que les mauvaises herbes ne peuvent concurrencer avec elles. De plus, les plantes de couverture contribuent à l'enrichissement du sol.
Malgré leur efficacité, les méthodes mentionnées précédemment ne peuvent être considérées comme une panacée. Une règle d'or en matière de prévention est d'extraire les mauvaises herbes avant qu'elles ne produisent leurs semences. Également, un désherbage méthodique dès le début de la saison réduira leur prolifération. Dans le même sens, une procédure similaire après un repiquage ou un ensemencement – et un suivi diligent jusqu'à ce que votre potager ou votre jardin ornemental soit bien établi – allégera votre tâche plus tard dans la saison. Malgré toute cette vigilance, certaines semences de mauvaises herbes peuvent demeurer viables pendant un bon bout de temps; ne soyez donc pas surpris de voir apparaître, de temps à autre, un intrus opiniâtre.
Les mauvaises herbes émergeant à proximité ou entre les plantes ne peuvent être retirées qu'à la main. Pour ce faire, pincez la tige près du sol avec le pouce et l'index, tournez puis extirpez le tout. Tentez, dans la mesure du possible, de ne pas laisser de racines; celles qui restent risquent de permettre au plant de réapparaître. Assurez-vous de bien nettoyer les alentours pour qu'aucune semence oubliée ne prenne racine. Les mauvaises herbes ainsi ramassées peuvent être mises au compost si elles n'ont pas encore produit leurs semences ou si elles sont effectivement mortes. La façon de vous en assurer est de les laisser complètement sécher au soleil avant de les composter.
Pour s'occuper de terrains plus vastes ou de mauvaises herbes plus tenaces, il est pertinent de s'armer de quelques instruments spécialisés pour se faciliter la tâche.
Malgré le binage et l'arrachage, les mauvaises herbes reviennent vous hanter? Avant d'aller acheter des pesticides du commerce, essayez l'un de ces vieux trucs pour régler le problème :
Une pelouse maculée de pissenlits a de quoi décourager n'importe quel propriétaire, surtout s'il songe à tous les déraciner. Cela dit, on peut espérer réguler un tant soit peu la prolifération en empêchant les fleurs de produire leurs semences. L'illustration présente un outil capable d'arracher les fleurs avant qu'elles forment leurs graines. Il se compose d'une lame en tôle de fer galvanisé de 12 po sur 16 po, courbée et bordée sur sa longueur inférieure de dents hautes de 1 po et espacées de 1 po. La tôle est rivetée à une tige de fer, permettant ainsi d'y rattacher un long manche et de l'utiliser à la manière d'un râteau. (extrait de l'ouvrage Boy Mechanic, Book IV)
(en anglais seulement)