De nos jours, les oiseaux ont bien besoin de compter sur notre hospitalité. La population de certaines espèces diminue en Amérique du Nord, particulièrement parmi les oiseaux chanteurs. Les gros-becs errants, les bruants des champs, les engoulevents bois-pourri, les sturnelles des prés et les mésanges à tête brune sont tous en déclin. La situation est due à de nombreux facteurs, dont l'étalement urbain, la dégradation de leur habitat naturel, l'utilisation de pesticides et d'insecticides, les collisions avec des voitures ou des immeubles, ou même les chats errants.

L'aménagement d'un environnement propice aux oiseaux peut certainement leur être profitable. La clé du succès est la biodiversité. Plus les plantes seront variées, plus les oiseaux seront nombreux : arbres, arbustes, plantes à fleurs indigènes et graminées. Les végétaux offrent aux oiseaux abri, nourriture et matières premières pour la fabrication des nids. Ils attirent aussi des insectes dont se nourrissent les volatiles. Même les arbres morts – s'ils ne posent pas de risque pour les humains – et les amas de broussailles sont essentiels, particulièrement pour les pics. Autant que possible, les plantes indigènes sont toujours préférables.

Voici donc quelques conseils pour attirer les oiseaux.

Aménager un jardin floral

En montant en graine, les tournesols (Helianthus), verges d'or (Solidago canadensis), échinacées pourpres (Echinacea purpurea) et eupatoires pourpres (Eupatorium purpureum) vont attirer notamment des fringillidés, des juncos et des bruants.

Les colibris font leurs délices des plantes indigènes à fleurs colorées et riches en nectar, particulièrement lorsqu'elles sont rouges. Avec leur longue langue, ils préfèrent les fleurs en forme de clochette ou de trompette. Les fleurs printanières à cultiver pour les colibris comprennent le cœur saignant (Dicentra spectabilis), l'iris versicolore (Iris versicolor), la mertensie de Virginie (Mertensia virginica) et le géranium maculé (Geranium maculatum).

Pendant l'été, les colibris se nourrissent d'asclépiade (Asclepias tuberosa), d'agastache fenouil (Agastache foeniculum), de monarde (Monarda didyma), de lis du Canada (Lilium canadense), de lobélie cardinale (Lobelia cardinalis), de monarde fistuleuse (Monarda fistulosa), et de verveine hastée (Verbena hastata).

Si vous n'avez pas d'objection à partager, sachez que certains oiseaux apprécient les légumes tels que les pois, les graines d'asperge, le maïs et les haricots d'Espagne. Il est toujours intéressant d'associer fleurs et légumes dans un jardin.

Planter des arbres

En plus d'abriter les oiseaux l'hiver, les conifères ajoutent une touche de vie au jardin pendant la saison froide. Entre autres, les oiseaux aiment bien les pins, quelle que soit l'espèce. Leurs aiguilles leur assurent une bonne protection contre le vent et leurs cônes constituent une réserve de nourriture intéressante pour certaines espèces, dont les becs-croisés, les mésanges, les chardonnerets et les tohis. Les pins sont également propices à la nidification des quiscales, des geais bleus et des pirangas.

Les thuyas, les genévriers, les épinettes et les pruches procurent eux aussi à la fois abri et nourriture. Accrochez-y quelques nichoirs pour accueillir les oiseaux.

Les oiseaux raffolent également des baies que produisent certains arbres. Mentionnons entre autres le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) et l'olivier de Bohème (Elaeagnus angustifolia).  Ceux-ci et d'autres arbres à feuilles caduques servent également de sources de matières premières pour les nids. Le bouleau à papier (Betula papyrifera) a toujours sa place dans un espace destiné à accueillir des oiseaux. Ses chatons sont tout aussi attrayants que nutritifs pour nos amis ailés. Les oiseaux se délecteront des fruits des pommetiers ‘Red Jade’ (Malus ‘Red Jade’) après que quelques cycles de gel-dégel les auront fait ramollir. D'autres cultivars de pommetiers sont tout aussi intéressants pour les oiseaux.

Penser aux arbrisseaux, aux arbustes et aux vignes

Parmi ces végétaux qui ont la cote auprès de la faune aviaire, mentionnons l'amélanchier du Canada (Amelanchier canadensis), le pain de perdrix (Mitchella repens), le sureau du Canada (Sambucus canadensis), la symphorine blanche (Symphoricarpos albus) et le bleuet en corymbe (Vaccinium corymbosum). Les merles, notamment, raffolent des cynorrhodons, les fruits du rosier rugueux (Rosa rugosa).

Tout comme nous, les oiseaux adorent les cerises. C'est particulièrement le cas du jaseur d'Amérique, du geai bleu, de la corneille, de l'oriole et du gros-bec errant. Parmi les fruits qu'ils affectionnent, notons ceux du cerisier de Virginie (Prunus virginiana), du cerisier de Pennsylvanie (P. pensylvanica) et du cerisier tardif (P. serotina). Les petits fruits de toutes sortes, comme les framboises et les cerises de terre, constituent des aliments de choix pour les oiseaux.

Les vignes peuvent être cultivées pour croître au sol, autour d'un arbre ou sur un mur. Mentionnons entre autres le bourreau des arbres (Celastrus scandens), la vigne vierge (Parthenocissus vitacea) et la vigne des rivages (Vitis riparia).

Créer un poste d'alimentation

Si le jardin représente une source naturelle de nourriture, une mangeoire donne un sérieux coup de main quand la production est moins abondante et les insectes plus rares. Une mangeoire doit résister aux écureuils et être facile à nettoyer.

Quelques mangeoires remplies de graines différentes attireront plusieurs espèces d'oiseaux. Le tournesol noir sera un régal pour les cardinaux rouges, les geais bleus, les fringillidés et les bruants, pour ne nommer que ceux-là. Des pains de suif feront le bonheur des pics. Pour les espèces plus petites comme les oiseaux chanteurs et les fringillidés, pensez aux graines de niger. Si vous songez à accrocher un abreuvoir à colibris, rappelez-vous qu'il faut le nettoyer tous les deux ou trois jours, voire quotidiennement lorsque le temps est chaud, pour éviter la fermentation du sirop et la présence de fourmis.

Les mangeoires et les abreuvoirs peuvent être à la fois décoratifs et fonctionnels. Vus de l'intérieur de la maison, ils peuvent être une source inépuisable d'émerveillement. Disposez-les toutefois loin des fenêtres pour éviter que les oiseaux s'y frappent.

En hiver, il est important de remplir les mangeoires régulièrement, car les oiseaux comptent sur cette source d'alimentation. Ne désinfectez pas les mangeoires avec des nettoyants commerciaux, qui peuvent se révéler nocifs. Brossez-les en profondeur uniquement avec de l'eau chaude. Laissez-les sécher complètement avant de les remplir pour prévenir la formation de moisissure.

Disposer un bain d'oiseaux

Tout comme nous, les oiseaux ont besoin d'eau, d'où l'intérêt d'ajouter un bain d'oiseaux dans le jardin. Celui-ci doit avoir des bords inclinés et être peu profond (moins de 6 cm) afin que les oiseaux puissent y patauger. Une surface rugueuse est préférable. Quelques pierres peuvent servir de perchoir. Il faut nettoyer le bain au moins deux fois par semaine avec une brosse dure. Cela contribue à garder l'eau propre et à prévenir la prolifération des moustiques. Tout comme pour les mangeoires, évitez l'utilisation de désinfectants et autres nettoyants chimiques.

Les oiseaux sont attirés par le son de l'eau courante. Pourquoi alors ne pas installer une fontaine ou un petit diffuseur à jet parapluie? Le son de l'eau courante est également apaisant pour les humains qui visitent votre jardin. Les merles sont particulièrement friands de la baignade à laquelle ils s'adonnent environ deux fois par jour. Cela leur permet de débarrasser leurs plumes de leur excès d'huile, évitant ainsi que celles-ci s'agglutinent.

Prenez soin de placer le bain dans un endroit ensoleillé, loin des bosquets où un chat malintentionné pourrait se cacher à l'affût.

Il n'est pas difficile de concevoir un jardin d'oiseaux. Vous disposez probablement déjà de plusieurs des éléments nécessaires. Un autre avantage est que les oiseaux préfèrent les espaces verts un peu désordonnés aux jardins proprets, ce qui excuse une certaine paresse. Un jardin d'oiseaux représente aussi un bon prétexte pour simplement s'asseoir, relaxer en prenant un rafraîchissement et s'adonner à l'observation des oiseaux.

Julianne Labreche

Julianne Labreche est une rédactrice indépendante passionnée d'horticulture et bénévole pour le groupe Master Gardeners d'Ottawa-Carleton.