Comme bien des entrepreneurs, les fabricants d'outils n'échappent pas à l'influence des publicitaires de Madison Avenue, qui ne font souvent que revisiter des concepts – parfois éculés – d'une autre époque. Un simple changement de couleur suffit parfois pour relancer l'engouement pour un produit. Populaires dans les années 1950 et jusqu'à leur apogée en 1959, les ailettes des automobiles étaient au contraire vraiment en rupture avec les modèles simples et ternes des années précédentes. Pour certains historiens, cette effervescence coïncide avec l'Année géophysique internationale (juillet 1957 à décembre 1958) et l'émergence de la course à l'espace. Par chance, l'outil dont il est question dans cet article ne s'est jamais écarté de son concept d'origine et n'a été l'objet que de l'ajout ou du retrait de quelques fioritures.

Le 8 septembre 1903, Alix W. Stanley, de New Britain, au Connecticut, obtenait le brevet n^o 738 500 pour son nouveau modèle de rabot cintrable, conçu afin de faciliter la reproductibilité des réglages. Le but était de ne pas avoir à constamment remesurer le rayon d'une courbe. L'ajout d'une échelle de mesure à la tige filetée permettait de noter le réglage en vue d'une utilisation ultérieure. Ce modèle marque la dernière évolution du rabot cintrable breveté en 1871 par Bailey. En 1905, on comptait déjà pas moins de 15 brevets pour des rabots cintrables. De tous les modèles en métal proposés, les n^o 20 et n^o 20 1/2 étaient considérés comme les plus efficaces. Le modèle n^o 20 présenté ici a été produit de 1897 à 1958. Jusqu'en 1919, il avait un fini nickelé; par la suite, il a été laqué. Le modèle n^o 20 1/2, lui aussi laqué, a été produit de 1902 à 1917 seulement. Alix W. Stanley est devenu président de la Stanley Rule and Level Company en 1911.