Heureusement, peu d'outils sont nécessaires pour pratiquer la sculpture en coches. En effet, le matériel se résume à un petit nombre de couteaux de sculpteur, un nécessaire d'affûtage et quelques pièces de bois.

Dans cet article, nous vous proposons des instructions pour reporter un dessin sur le bois, faire les premières coupes, choisir des couteaux et effectuer la finition d'une pièce. Notez que toutes les instructions qui suivent sont écrites pour les droitiers. Prenez soin de lire les règles de base pour la sculpture en coches à la fin de l’article avant de commencer.

Copie d'un modèle

Le tilleul d'Amérique est le meilleur bois à employer. Avec son fil droit et sa texture fine, il est en effet une essence de prédilection pour la sculpture en coches. Après avoir acquis un peu d'expérience, vous pourrez également tenter votre chance avec du noyer ou du noyer cendré.

Si vous souhaitez reproduire un modèle provenant d'un livre, préparez d'abord une pièce de bois dont les dimensions sont sensiblement les mêmes que le dessin choisi. L'épaisseur de la pièce doit se situer entre 1/4 po et 3/8 po. Raclez et poncez la surface, comme si vous faisiez la finition, car il sera impossible de le faire plus tard sans aplanir les crêtes et les reliefs des motifs que vous aurez sculptés.

Photocopiez le modèle choisi et découpez-le de sorte qu'il s'adapte à la pièce de bois apprêtée. Utilisez un fer à repasser à température moyenne pour transférer directement la photocopie – face vers le bas – sur la pièce de bois. Comme l'encre du photocopieur est une poudre sensible à la chaleur, elle se dissout lorsqu'elle est chauffée au fer et se transfère sur le bois. Faites d’abord un test sur une retaille. Si cela ne fonctionne pas, utilisez plutôt un papier calque pour tracer le motif sur la pièce de bois.

Après avoir passé le fer sur la feuille, soulevez délicatement un des coins pour vous assurer que le dessin est copié en entier. Dans le cas contraire, repassez le fer. Soulevez ainsi les quatre coins jusqu'à ce que vous soyez assuré que l'image a été clairement et entièrement reportée sur le bois. Avant de retirer la feuille de papier, vous devez bien vérifier que le dessin est reproduit correctement sur le bois, puisqu'il sera impossible de replacer la feuille exactement au même endroit pour y repasser le fer.

Une petite mise en garde : Si vous passez le fer chaud sur une pièce de bois qui comporte des joints de colle, il est possible que la chaleur distende les joints. J'ai eu à faire face à cette situation, mais j'ai pu sauver la pièce en la mettant immédiatement sous serres pendant que le bois se refroidissait.

Techniques de coupe

Dans bien des livres qui traitent de la sculpture en coches, on recommande de tenir le couteau d'une manière qui me semble peu naturelle et qui rend l'outil difficile à manier. Libre à vous d'utiliser cette technique si vous parvenez à la maîtriser. Personnellement, je préfère tenir le couteau comme un crayon, mais un peu plus à la verticale. Cette prise, plus naturelle, vous aidera à maintenir un angle de coupe constant.

Tout en maintenant le même angle de coupe, il est bon de varier la position de la lame d'avant en arrière, selon le type d'entaille que vous pratiquez. Évidemment, il est impossible de couper un coin si la lame est très inclinée. Vous devez alors redresser le couteau. Pour faire une petite entaille, par contre, vous pouvez couper à contrefil en positionnant la lame presque à plat sur la pièce. En tenant ainsi le couteau, le talon de votre main droite repose sur la pièce, tout comme votre main gauche. Utilisez l'index ou le majeur de la main gauche pour guider la lame.

Si le travail du couteau se fait en s'éloignant de vous, votre main droite tient le couteau tandis qu'un doigt de votre main gauche pousse sur le dos de la lame. À l'inverse, si le travail du couteau dirige la lame vers vous, la main droite tire le couteau alors qu'un doigt de la main gauche résiste au mouvement. Lorsque vous coupez vers vous, assurez-vous de placer le doigt qui retient la lame en retrait par rapport au tranchant. Ce doigt servira aussi de point d'appui pour mieux maîtriser l'outil. Pour terminer une entaille, par exemple, cessez de pousser la lame du doigt et faites-la pivoter vers l'avant en tenant compte de la position de la pointe afin d'éviter de couper trop profondément.

Pour sculpter, je m'assois dans un fauteuil pivotant et je place ma pièce de bois sur un contreplaqué qui se prolonge au-delà du plateau de ma scie radiale. La pièce à sculpter se trouve alors à la hauteur du torse, et je n'ai pas à me pencher pour voir les détails.

Finition

Toutes les traces d'encre de photocopieur doivent être éliminées. Sinon, elles formeront des taches sous le produit de finition. Évitez les produits de finition lustrés et semi-lustrés. Ils donnent l'impression que le motif est enduit d'une couche de plastique. Je recommande d'employer de l'uréthane mat. Entre chaque couche de finition, poncez légèrement avec un papier abrasif pour ponçage à sec ou humide, en prenant soin de ne pas arrondir les crêtes. Si vous souhaitez transformer votre sculpture en sous-verre, collez un morceau de liège sous la pièce, laissez-le sécher puis rognez-le.

Si tailler une encoche procure de la satisfaction, admirer une sculpture terminée est encore plus gratifiant. Il est difficile de croire que d'extraire de simples triangles d'une surface de bois puisse créer d'aussi belles œuvres.

Choix d'un couteau

La sculpture en coches nécessite des couteaux dont la lame, en forme de coin, est mince et d'une qualité qui lui permet de conserver un tranchant acéré. Un débutant peut commencer à sculpter avec un seul couteau. Toutefois, deux autres couteaux peuvent se révéler très pratiques.

Le couteau le plus utile pour les débutants est doté d'une lame dont le tranchant est à peu près parallèle au manche (photo du haut). C'est le couteau à vous procurer si vous n'en voulez qu'un seul pour vous initier à la sculpture en coches.

Le deuxième couteau à acquérir possède un tranchant en bout, presque perpendiculaire au manche (photo du milieu). Il s'emploie pour faire des incisions à caractère décoratif.

Le troisième couteau que je suggère aux apprentis sculpteurs est doté d'un tranchant en pointe (photo du bas). Il permet de sculpter de délicates volutes, comme les coins d'un motif de virevent. Autant que possible, achetez un couteau dont le manche est rond plutôt qu'ovale.

Il sera plus facile de modifier votre prise lorsque vous devrez suivre un tracé qui comporte des courbes très serrées.

Quelques règles de base pour la sculpture en coches

1. Pratiquez les entailles dans le sens du fil, car les longues fibres risquent d'être arrachées plutôt que tranchées à la ligne de coupe.


2. Ne coupez pas trop profondément. La profondeur de coupe maximale ne devrait pas excéder 1/8 po pour les plus gros copeaux. Pour des copeaux plus petits, coupez moins profondément.


3. Enlevez les gros copeaux par étapes, notamment si vous avez déjà sculpté une section adjacente. Sinon, la force employée pour enlever le copeau d'un seul coup fera fléchir le bois. Ce fléchissement se produira évidemment près du point le plus faible de la pièce, soit la pointe nette et précise que vous venez tout juste de façonner avec soin.


4. Entaillez en éloignant la lame de l'entaille précédente au lieu de couper vers elle. En agissant à la manière d'un coin, la lame pourrait provoquer l'éclatement d'une partie du motif déjà sculpté.


5. Si le copeau ne longe aucun autre motif à sculpter, la ligne du modèle peut être enlevée complètement. Dans le cas contraire, il est préférable de laisser la ligne de coupe en enlevant les deux copeaux adjacents, puis de repasser le couteau de chaque côté de la ligne une dernière fois pour la faire disparaître. À cette étape, si la ligne de coupe s'étend sur plusieurs copeaux, assurez-vous de la maintenir bien droite.


6. Évitez d'entailler trop profondément. Essayez de visualiser la pointe de la lame, de manière à ne pas laisser un trait de coupe au fond de l'entaille. Il s'agit d'une autre bonne raison d’enlever progressivement les copeaux plus volumineux plutôt que de les retirer d'un seul coup. N'utilisez pas la lame comme levier pour dégager les copeaux. Plutôt, remuez-les délicatement afin de déterminer où se trouvent les points d'attache. Entaillez plus profondément à ces endroits puis remuez-les de nouveau. Certaines marques de coupe sont inévitables, mais si tout a été fait correctement jusqu'à ce stade, il ne devrait s'agir que de lignes microscopiques.


7. Pour faire disparaître ces lignes, retournez votre couteau afin d'utiliser le dos de la lame. Tenez-le selon le même angle que celui utilisé pour la coupe et lissez délicatement l'entaille sur sa longueur. Tournez ensuite la pièce de 180° et répétez l'opération dans l'autre sens. Le mot d'ordre est « délicatesse ». L'objectif n'est pas d'écraser les fibres du bois. Pour que cette méthode fonctionne, les marques de coupe résiduelles doivent être minimes. Il ne s'agit pas ici d'une façon de « réparer » un dépassement involontaire de la lame.


8. Avant de faire des incisions avec le couteau à tranchant en bout, éliminez les lignes du modèle à l'aide du couteau de sculpteur. Si les incisions sont faites directement sur les lignes, l'encre noire du dessin s'y imprégnera.

Ce bulletin technique est une traduction d'un article écrit par Robert Dunn et Alex Vincent de Calgary, en Alberta. L'article est paru en mars 1994 dans le numéro 8 de la revue WoodCuts.