En effet, le fondateur de l'entreprise Sam Bat s'est servi de sa connaissance du bois, acquise durant ses 23 années de carrière comme technicien de scène au Centre national des Arts du Canada, à Ottawa, en Ontario, pour fabriquer des bâtons de baseball reconnus mondialement. Tout a commencé par un défi lancé dans une brasserie quand Bill MacKenzie, ancien dépisteur des Expos de Montréal et des Rockies du Colorado, a demandé à M. Holman s'il pouvait créer un bâton en bois qui ne casserait pas. Ce dernier a donc entrepris des recherches en vue de réduire la fréquence de ce problème trop courant.

Il a d'abord visité des bibliothèques locales pour approfondir ses connaissances sur la fabrication des bâtons de baseball et consulter d'innombrables brevets. Ses recherches l'ont mené à la conclusion qu'il était impossible d'améliorer les bâtons en frêne. Il s'est donc tourné vers l'érable, un des bois les plus durs au monde.

Sam Holman, fondateur de Sam Bat, première entreprise à fabriquer des bâtons de baseball en érable pour la Ligue majeure

Fabrication d'un bâton de qualité supérieure

En plus d'utiliser la meilleure qualité d'érable, ce qui engendre moins de pertes, M. Holman confie que la qualité de ses bâtons tient au fait qu'il ne précipite pas leur production. Le bois taillé en ébauches est séché dans l'un des grands séchoirs sous vide que l'entreprise exploite à Carleton Place, en Ontario. L'érable prend quatre à cinq jours pour atteindre une teneur en humidité de 7 % à 9 %. Le bois est ensuite coupé en pièces de 3 pi de longueur. Les employés choisissent les ébauches en fonction de leur poids, car chaque modèle de bâton présente une densité spécifique.

En comparaison de leurs équivalents en frêne, ces ébauches en érable formeront des bâtons plus solides qui résisteront mieux à l’éclatement.

Ensuite, on procède à l'évidage du bout du bâton. C'est à cette étape que les employés ajustent le poids final et l'équilibre du bâton, car cette opération déplace son centre de gravité vers le frappeur. La profondeur de l'évidage est déterminée par les préférences du joueur. La différence peut s'avérer subtile, mais les joueurs professionnels la perçoivent. En fait, M. Holman dit des joueurs qu'ils sont les balances les plus dispendieuses sur terre, ajoutant qu'ils peuvent donner le poids d'un bâton au seizième d'once près.

L'évidage du bout du bâton déplace le centre de gravité vers le frappeur.

Enfin, on procède à la teinture et au fini, une étape qui exige elle aussi de la précision. Le format du manche est établi lorsque le bois est nu, mais la finition peut aisément ajouter 1/1000 po en épaisseur. Aussi, la teinture à base d’eau est appliquée au pinceau plutôt qu’au fusil pulvérisateur.

Finalement, le fameux logo de Sam Bat est apposé. Ce dernier a été conçu par la nièce et le frère de M. Holman afin d'être facilement reconnaissable à la télévision et par les spectateurs dans le stade. Le logo en forme de chauve-souris est sobre et simple, et évoque le sonar naturel de la chauve-souris, selon M. Holman.

Après environ une journée de séchage, le bâton est prêt pour l'emballage et l'expédition. La fabrication complète d'un bâton prend environ une semaine. Toutefois, durant la période de pointe, soit de la fin décembre à la fin mars, le processus peut prendre de 6 à 8 semaines, parce que le personnel s'affaire à remplir les commandes pour la période d'entraînement printanier. Pour répondre aux besoins particuliers des professionnels, l'entreprise fabrique, à la main, une grande variété de bâtons. Sam Bat offre en fait plus de 300 modèles de bâton qui se distinguent par la longueur, le poids et la forme.

Séchage des bâtons achevés

Le choix des professionnels

En 2009, plus de 60 % des joueurs de la Ligue majeure de baseball utilisaient des bâtons en érable. Cette popularité n'est cependant pas arrivée du jour au lendemain. Tôt au début de son aventure, M. Holman a fait appel à Joe Carter, le célèbre voltigeur et premier-but, qui a contribué à faire connaître les bâtons en érable. Le bouche-à-oreille sur le terrain a ensuite favorisé la croissance de leur réputation. De plus, l'attrait pour ces bâtons ne se limite pas qu'aux joueurs de la Ligue majeure de baseball. En effet, un fidèle client, qui commande 18 bâtons par année depuis les débuts de l'entreprise, a contribué à accroître la renommée des bâtons en érable auprès des joueurs de baseball professionnels au Japon. En septembre 2010, la ligue australienne de baseball choisissait les bâtons Sam Bat comme bâtons officiels. Le site Web de la ligue stipule que, en optant pour Sam Bat, elle prouve son engagement à offrir les meilleures ressources possible à ses joueurs.

Les moments qui ont rendu M. Holman le plus fier sont probablement d'avoir vu Barry Bonds, le voltigeur de gauche des Giants de San Francisco, battre en 2001 le record de la Ligue majeure du plus grand nombre de coups de circuit dans une saison (73) et, en 2007, de voir celui-ci passer à l'histoire en frappant le 756^e circuit de sa carrière. Les deux records ont été fracassés au moyen d'un bâton Sam Bat, modèle 73 (ou 2K1), un bâton qui possède une surface de frappe d'un grand diamètre et un manche évasé.

Quelques bâtons parmi les plus de 300 modèles offerts par Sam Bat.

Activités caritatives

M. Holman se fait un devoir de témoigner sa reconnaissance au milieu sportif. Au printemps 2010, il a fait don de 250 bâtons de baseball, une valeur estimée à 30 000 $, à des équipes de la ligue des écoles publiques de la ville de New York. Le don a permis à 1300 jeunes de pratiquer leur sport préféré. Sam Bat s'est engagée par la suite à donner un total de 500 bâtons à la ligue.

De même, avec Ryan Braun, le voltigeur de gauche des Brewers de Milwaukee, Sam Bat a fait don de 150 bâtons au programme 10 000 Swings de l'organisme Good Sports, qui vise à promouvoir le sport chez les jeunes défavorisés. L'entreprise s'est engagée à donner au programme 10 bâtons additionnels pour chaque coup de circuit frappé par M. Braun au cours de la saison 2009. Il a terminé la saison avec 32 coups de circuit.

M. Holman est maintenant copropriétaire de l'entreprise avec Paul Balharrie et les actionnaires majoritaires Arlene Anderson, présidente, et son mari, Jim Anderson.

Texte et photos : Ian Gray